Pascal Sébah (1823-1886)

Obélisque de Théodose et colonne de Constantin sur la place de l’Hippodrome



Commentaire

La photographie donne sur la partie sud de l’hippodrome d’Istanbul (Atmeydanı), à l’endroit où se dressent deux obélisques et la célèbre colonne serpentine. Durant la guerre de Crimée (1853-1856), des travaux de remblaiement et d’aplanissement du terrain par les forces coalisées laissèrent les bases de ces monuments sous le niveau actuel de la place, demeurant visibles néanmoins derrière des barrières de protection. À gauche, l’hippodrome est bordé par l’enceinte de la Mosquée bleue ; au sud, il est limité par des annexes de cette dernière (hôpital et soupe populaire) et d’autres bâtiments, qui furent en majorité affectés en 1868 à la première école technique d’Istanbul (Mekteb-i Sanayi). À l’époque romaine et byzantine, l’hippodrome était réservé aux courses de chars et le terrain divisé par une esplanade centrale, la spina, qui s’ornait de nombreuses statues, colonnes, obélisques et pyramides provenant des différentes provinces de l’empire. Seuls l’obélisque égyptien, l’obélisque muré et la colonne serpentine sont restés in situ. L’obélisque égyptien est la partie supérieure d’un monolithe édifié par le pharaon Thoutmosis III (xve siècle av. J.-C.) pour le temple de Karnak, en Haute-Égypte. Une inscription latine gravée sur sa base commémore son érection à l’époque de l’empereur romain Théodose Ier (r. 378-395) et sous la supervision du préfet Proclus. L’obélisque maçonné, appelé ici « Pyramide murée », fut probablement édifié à l’époque de Constantin (r. 310-337). Il était couvert à l’origine de plaques de bronze, qui furent pillées en 1204 lors de la quatrième croisade. Sur cette photographie, il apparaît très abîmé. À la fin du xixe siècle, des restaurations régulariseront sa silhouette. À mi-chemin entre les deux obélisques, et comme eux protégé derrière une barrière, apparaît la base de la colonne de bronze creuse provenant du sanctuaire d’Apollon, à Delphes. Appelée Colonne serpentine en raison des trois têtes de serpent par lesquelles elle se terminait, elle avait été offerte au sanctuaire delphique à la suite de la victoire des cités grecques sur les Perses à Platées, en 479 av. J.-C. Les têtes de serpent disparurent en 1700 dans des circonstances que l’on ignore.
La photographie est présente dans un album réalisé pour l’impératrice Eugénie en 1869, à l’occasion de son voyage en Orient (Palais de Compiègne, C.38.1470), ce qui donne un terminus ante quem pour la prise de vue.


Bibliographie


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Situation sur la carte

Fatih (district)


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